La Bretagne se divise en deux catégories : ceux qui parlent de crêpe de blé noir et les autres qui l’appellent galette de sarrasin. Intéressons-nous à cette singularité.

Une crêpe ou une galette en Bretagne ? Peu importe, le principal, c’est le goût. On notera que l’on n’accole pas le même mot entre la Basse et la Haute-Bretagne. Mais cette frontière est poreuse et l’usage peut varier sur plusierus territoires bretons. 

Une partie de la Bretagne déguste des crêpes de blé noir (sarrasin), l’autre préfère l’appeler la galette de sarrasin. Mais pourquoi cette différence ? Doit-on dire crêpe ou galette ? 

La crêpe de blé noir majoritaire dans la Basse Bretagne

En Bretagne, le débat entre krampouezh et galetezen (crêpes et galettes) ne date pas d’aujourd’hui. Les usages se calquent sur la limite Sébillot qui matérialise la limite linguistique entre le breton et le gallo.

Pour tirer le trait, le Finistère, une partie du Morbihan et des Côtes-d’Armor [Basse-Bretagne], on entend plus parler de « crêpe de blé noir » ou « crêpe salée » pour la recette avec la farine de sarrasin. La recette avec le froment est nommée « crêpe sucrée. » Pas de mot galette dans la vie quotidienne ou sur les cartes des crêperies dans cette partie de la Bretagne. On parle de crêpe pour le plat et le dessert.

La galette l’emporte dans la Haute Bretagne

Le reste de la région bretonne, grossièrement la Haute-Bretagne, en Ille-et-Vilaine, Loire-Atlantique, parties orientales du Morbihan et des Côtes-d’Amor, on entend plus le terme de « galette » (sarrasin) et simplement « crêpe » (froment) pour sa cousine sucrée. En Ille-et-Vilaine, on a tranché pour la galette que l’on accommode avec de la saucisse. La fameuse galette saucisse.

Le Breton et géographe Mikael Bodlore-Penlaez a matérialisé cette frontière dans une carte (en rose « crêpes », en vert clair « galettes ») :

Crêpes ou galettes en Bretagne ?
Crêpes ou galettes en Bretagne ? Les usages se calquent sur la limite Sébillot qui matérialise la limite linguistique entre le breton et le gallo : crêpes de blé noir pour les uns et galettes pour les autres. ©Mikael Bodlore-Penlaez/Geobreizh

Des disparités locales

Mais ce n’est pas si simple. On note ici et là des exceptions. Allons voir les premières concernées : les crêperies.

À Vannes (Morbihan), Didier Le Ray, de la crêperie Billig Breizh, la « galette, c’est le blé noir et la crêpe, c’est le froment. » Difficile de matérialiser une frontière selon lui :

Par exemple, à Lorient, ils disent crêpe pour le blé noir et le froment. Alors qu’à Quimper, ils disent galette (blé noir) et crêpe (froment). Chaque secteur géographique a son terme.

Une frontière aussi pour la recette ?

Pour les ingrédients, il y a consensus. Ainsi, pour la crêpe de blé noir ou la galette de sarrasin, il vous faut trois ingrédients : de la farine de blé noir, du sel et de l’eau froide.

La préparation est un peu sportive : il faut bien aérer la pâte (la fouetter comme sur la vidéo ci-dessus) et avoir un bon coup de main pour l’étaler sur le bilig ou la crêpière.

 

 

On note quelques différences de recettes un peu partout dans la région. Didier Le Ray, crêpier et aussi président du label de qualité Crêperies gourmandes avance :

Vous ne trouverez jamais la même galette. Certains vont y ajouter du miel, d’autres vont couper au froment (plus facile à étaler). L’avantage de mettre que du blé noir, c’est qu’il n’y a pas de gluten.

En Basse-Bretagne, on la cuisinera assez fine et croustillante. Les autres la préféreront plus épaisse, plus « soupig » (« moelleuses » en français). Ensuite, vous pouvez l’assaisonner avec des œufs, du beurre, du fromage, etc.

On vous laissera sans doute sur votre faim en ne tranchant pas pour l’une ou pour l’autre dénomination.

Le principal reste d’apprécier le/la [Insérer le terme qui vous plaît le plus].

Sources : office public de la langue bretonne, https://www.golfedumorbihan.bzh/terroir/crepe-ou-galette/ et http://bcd.bzh/becedia/fr/la-limite-linguistique-entre-le-breton-et-le-gallo